(remus) stories for boys.

**Messages :** 15

REMUS & MICKEY

Garé sur un bord de route, invisible à tous, le magicobus semble – pour une fois – totalement inanimé. Pas un bruit. Calme plat. Même la lune se fait chier, là-haut, scotchée contre son ciel qui perd de sa vedette en ces temps sombres – plus personne ne trouve de temps pour l'admirer. Pourtant, Mickey Crabtree et son vieil ami d'enfance, Remus Lupin, sont confortablement installés à l'intérieur du ventre du monstre mécanique. Les jambes étendues devant lui, le dos contre le mur, le cul sur un des lits mis à la disposition des sorciers en perdition – ce qui convient à tout le monde à l'intérieur –, Remus joue avec son alliance, tournant parfois les yeux vers son verre, rempli de whisky pur feu, qui flotte juste à côté de son visage. En silence, Mickey le détaille, assis sur le bord du lit juste à gauche, parallèle à celui de Remus. Son verre ne lévite pas, trouve plutôt sa place entre ses mains tatouées d'un jeu de cartes. Il coince le haut de ce dernier entre ses dents afin d'attraper avec plus de facilité son paquet de cigarettes, son briquet, décide finalement de le terminer à la hâte, donc bascule la tête en arrière pour ingurgiter le fond restant – tant pis si le liquide coule légèrement sur les côtés de sa bouche –, le pose sur le sol, allume une clope, puis souffle un nuage brumeux, gris clair, en direction de Remus. Il s'essuie vite fait la gueule, tire une latte, dont la fumée s'échappe d'entre ses lèvres lorsqu'il prend enfin la parole. « Mon vieux, t'as une tête d’enterrement. » Michael gratte ses cheveux de sa main droite. « C'est de circonstance, je te l'accorde, sauf qu'on sait, toi et moi, » avec son index, il désigne respectivement Remus, puis lui-même, « que ton silence n'est pas mortuaire, c'est plutôt même l'inverse. » Il tète sa cigarette, le silence planant un moment entre eux, jusqu'à ce qu'il le brise de nouveau. « Ça va aller, ok ? » Il habille sa phrase d'un léger sourire en coin, juste avant d'observer le paysage s'étendant derrière la fenêtre de Remus, à la façon d'une carte postale : figé. Les filles ne rentrent pas. Mickey ne sait pas ce qu'elles foutent : elles se sont toutes dispatchées hier soir, pour des raisons qui n'appartiennent qu'à elles, abandonnant les deux sorciers à leur sort, c'est-à-dire surveiller l'horizon dans l'espoir de les voir enfin apparaître, de préférence saines et sauves. Si Mickey sait que Sara peut se débrouiller toute seule, comme une grande, il ne peut s'empêcher de flipper en la sachant dehors, sans personne pour l'épauler. Idem pour Lyndia. Quant à Nymphadora, Remus se fait déjà un sang d'encre, assez pour tous les deux. Sorcier pudique, dans tous les sens du terme – au quotidien, Mickey se fait un plaisir d'agresser sa retenue naturelle en matière de sexe (oui, il assume d'être casse-couilles, voire rédhibitoire par moments) –, il faut bien connaître Remus pour deviner les pensées qui pèsent sur son esprit, dont sa finesse n'a d'égale que ses tourments. Mickey le côtoie depuis qu'il porte des couches, vit près du mal-être de Remus : il est bien placé pour lui parler comme il vient de le faire. Pourquoi crever l’abcès ce soir ? Honnêtement, il n'a fait que saisir l'opportunité qui s'est présentée à lui. D'ordinaire, Michael préfère amuser la galerie, adoucir les cœurs, tenter de leur faire oublier le monde, qui part en vrille dehors, un soir sur deux. Quand son entourage sourit autour de lui, il sourit aussi, et croyez-moi il en a lui-même besoin. Bien qu'il agisse comme le bouffon du magicobus – un rôle qui lui colle à la peau –, Mickey a conscience des problèmes de chacun. Comme des siens. Se raccrocher à l'avenir, même à l'espoir, devient difficile, c'est pourquoi il est nécessaire de se serrer les coudes, plus que tout aujourd'hui. Chacun à sa façon.

**Messages :** 18

REMUS & MICKEY

L'anxiété de Remus n'était plus à prouver tant elle était ancrée en lui. Si son esprit pouvait montrer une certaine finesse, il cachait également bien des tourments qu'il tentait de gérer entre deux combats, deux pertes, deux histoires qui s'entremêlent, ne lui laissant plus la possibilité de mettre de l'ordre dans la sienne. Ces derniers mois avaient été particulièrement difficiles et éprouvant, d'un point de vue public comme personnel. La peur l'avait pris à la gorge dans les deux, et aussi se refusait-il à admettre que le privé l'avait emporté sur l'intensité de la douleur qu'il ressentait face à ce qui s'était passé. S'il avait déjà essayé à plusieurs reprises de calmer son anxiété, de l'apaiser, si la présence de Nymphadora – un bref sourire, fin, aussi discret que le sorcier qui le portait se dessina sur son visage en pensant à la grimace qui aurait déformé celui de sa femme à l'évocation de son prénom – à ses côtés lui permettait de la calmer, elle en avait également été vectrice au cours de ces derniers mois. Remus ne se jugeait pas bon, pas « bien » pour elle. Pas suffisamment jeune, fringuant, en bonne santé, pas suffisamment trop de choses encore à ses yeux, le doute continuait de le ronger silencieusement, sans qu'il ne puisse en faire part à quiconque ; à quoi bon se plaindre, alors que dans les rues, les forêts, les sentiers tombent les corps et s'extirpent les âmes ? Pourquoi devrait-il lever le voile sur ce qui le malmenait quand il n'était pas à l'agonie, comme certains sorciers, juste derrière les portes du magicobus. Jouant distraitement avec son alliance, Remus sentit une boule se former et commencer à obstruer sa gorge. Il ne pleurait pas beaucoup, les larmes n'avaient que rarement mouillé ses joues, dans une raison évidente de pudeur face à tout à chacun. Pourtant, ce soir, toutes les causes de ses inquiétudes se réunissaient et faisaient trembler doucement les larmes au bord de ses yeux, les rougissant légèrement, sans qu'il ne les laisse pourtant s'échapper. Dora n'était pas là ce soir, et Remus ne savait guère où elle pouvait se trouver. Bientôt vingt-quatre heures s'étaient écoulées depuis qu'elle était partie, et elle n'avait pas encore donné de nouvelles. Sa baguette posée contre sa jambe, il retenait sa main de se poser sur elle et de lui envoyer un patronus pour lui demander comment elle allait. La position délicate dans laquelle elle risquait de se trouver s'il le faisait le ramenait à la raison, aidé par le whisky pur feu qu'il attira doucement jusqu'à ses lèvres pour le délester d'une gorgée. Le silence qui pesait sur le magicobus se brisa lorsque Mickey décida de prendre la parole. Les yeux de Remus se tournèrent vers lui, et un léger soupir siffla entre ses dents. « J'aimerais pouvoir m'en convaincre, mais je crois que les ressources me manquent pour que je puisse le faire. » Comment aurait-il pu s'assurer que tout allait aller, justement ? Rien ne laissait présager une fin heureuse à ce qu'était devenue l'Histoire, et quand bien même Remus se refusait d'abandonner l'espoir qu'il tentait encore d'entretenir, la possibilité d'un fin funeste ne manquait de le frôler. « J'ai confiance en Harry et en la mission qu'a pu lui donner Albus avant son décès. Mais je sais que, quand bien même il a pu être forcé à grandir trop vite, il reste un adolescent, à peine majeur. Comment est-ce que je pourrais ne pas m'inquiéter ? » Baissant les yeux vers son alliance, autour de laquelle ses doigts s'agitaient toujours sans pourtant la retirer, Remus pinça légèrement des lèvres en se les humectant. « Quant à Tonks.. je sais de quoi elle est capable, j'ai conscience qu'elle fait ça depuis des années, mais.. elle est enceinte, Mickey. Je n'aurais jamais dû la laisser partir seule dans son état. » Fronçant les sourcils, il massa ses tempes et récupéra le verre en lévitation à côté de son visage pour en boire une nouvelle gorgée, puis le fond qu'il restait à l'intérieur. Remus ferma les yeux quelques instants, souffla par le nez et secoua légèrement la tête, la relevant en direction de son ami, un sourire empreint d'une tristesse dont il n'aurait su le défaire sur le visage. « Excuse moi, je.. je réfléchissais à voix haute. » Saisissant finalement sa baguette, il fit venir à lui la bouteille de whisky pur feu, la prit entre ses mains pour s'en servir un autre verre, et la dirigea vers celui de Mickey. « Toi, comment ça se passe avec Sara ? » Gardant son sourire au bord de ses lèvres, il lui lança un regard en biais, sachant pertinemment quel genre de conversation pourrait suivre cette question.[/color][/color]