hello only ends in goodbye. (daphne)

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DAPHNE ET CHARLIE

(musique)

Charlie Wesley n'était pas connu pour sa délicatesse. Charlie Weasley était grand, ses épaules carrées, sa barbe rousse envahissait toujours un peu plus son visage, ses muscles saillaient sous des t-shirt moldus -il avait délaissé depuis trop d'années les robes sorcières qui, exerçant ce genre de profession, semblaient être trop rapidement bonnes à changer et, si Charlie n'était pas pauvre, il ne comptait pas passer toutes ses semaines et sorties à Londres dans la boutique du tailleur-, et de nombreuses cicatrices, marques de brulures parcouraient ses deux bras et la majeure partie de son dos. Masculin était sûrement le mot qui s'inscrivait sur les lèvres et dans les yeux quand ces derniers se posaient sur ce colosse faisant alors face à un noir des Hébrides. Son pote, Jimmy, dont les jambes battaient régulièrement une musique que lui seul semblait connaître, se souvenait de leurs années à l'école comme s'il l'avait quittée hier soir. Charlie ne possédait alors pas cette carrure mais son esprit était resté inchangé toutes ces années. Comme si ses parents avaient pris un marteau et avaient façonné leur second enfant dans le même genre de pierre sur laquelle il était assis à le regarder calmer le dragon d'une main apaisante sur son museau. Charlie avait toujours eu cette âme aventureuse, cette curiosité dévorante qui les avait parfois conduit dans certains des recoins de la forêt interdite -Charlie clamant que, si le directeur n'avait pas voulu que l'on s'y aventure, alors le bougre aurait du accoler un autre nom « qu'interdite » à cet endroit-. Charlie n'écoutait jamais, Charlie était toujours animé par des pulsions qui l'avaient fasciné, effrayé, et amusé. Il était de ce genre de personne que l'on aurait suivi jusqu'au bout du monde, se martelant que, s'il était là, à côté de nous, alors on ne risquait pas grand chose si ce n'est une belle épopée ; que, quoi qu'il se passe, Charlie nous ramènerait toujours à la maison. Son sourire confiant, assuré, et cette douceur que l'on pouvait lire dans la prunelle de ses yeux savaient apaiser les cœurs et parfois les gonfler de bravoure ; alors pourquoi, se demandait Jimmy, ne l'envoyait-on pas combattre ces foutus mangemorts directement ? Avec son air parfois crâneur, son assurance frôlant parfois l'irrévérence, et son courage oscillant parfois avec l'inconscience, Jimmy était prêt à parier que Charlie Weasley aurait fait un sacré feu d'artifice, à la manière des deux jumeaux roux, au sein des adorateurs de magie noire. Jimmy laissa entendre un soupir, passa une main sur sa nuque qu'il fit craquer avant de se lancer du haut du rocher, retrouvant rapidement l'équilibre sur ses deux pieds. « on va boire un verre chez le vieux Macfusty ? C'est pas que ça m'ennuie de te voir cajoler ton dragon, mais d'mon côté je préfèrerais cajoler la petite Isabelle. » Un rire lui parvint comme réponse, Charlie donnant une légère claque au dragon qui retourna se perdre dans les méandres de la forêt. Charlie se tourna vers son ami, se baissant pour attraper une bouteille d'eau. « Non mon vieux pas cette fois. » Jimmy fronça les sourcils. « Et pourquoi non ? Tu dis jamais non à quelques verres avec Macfusty ? Dans une heure de temps, et je me représente très bien la scène, tu seras ivre mort à ses côtés à chanter des chansons de sorciers d'un autre temps, et je ferai danser Isa sur mes genoux. » Jimmy esquissa un petit pas de danse, claquant les deux paumes de ses mains, s'arrêtant en apercevant le mouvement négatif de Charlie. « La dernière fois, si je me représente la scène, c'est toi qui était en train de tressauter sur les genoux d'Isa. » Un rire agita leurs gorges. « Je les aime bien en chair. » Charlie arqua un sourcil. « tu les aimes toutes, surtout, à condition qu'elles soient de taille à te faire avaler ton verre comme d'autres donneraient leur biberon aux bébés. » Jimmy lui donna une claque sur l'épaule. « allez vieux. » « j'ai à faire, Jim. » Jimmy mordilla l'intérieur de sa joue, plissant les yeux dans l'effort de réflexion. « on est déjà mardi ? » aucune réponse ne lui renvoya d'échos. « tu penses qu'elle sera là ? » Charlie avala une gorgée d'eau, essuyant ses lèvres et son menton du dos de la main. « qui sait. » Jimmy afficha un sourire en coin, une certaine peine se lisant en son coin, et salua son ami qui transplana. (…) la forêt de Bethan était certes, petite, mais assez épaisse pour que personne ne puisse s'y aventurer dans l'espoir d'y rencontrer deux sorciers. La clairière avait été pauvrement aménagée il y a des mois de ce jour ; après tout, Daphne et Charlie ne s'y rendaient que dans le seul but de s'entraîner. Et, pourtant, cette clairière, aussi petite, aussi ridicule de banalité fut-elle, était devenu le lieu le plus intime sur terre dans le cœur de Charlie Weasley. Ses yeux firent rapidement le tour de la clairière et quelque chose de lourd s'installa dans son ventre. Daphne n'était pas là. Il se laissa tomber près d'un tronc d'arbre, posant l'arrière de son crâne contre sa surface rugueuse, et laissa entendre un long soupir, les paupières fermées en direction du soleil qui brûlait doucement son visage légèrement hâlé par les journées passées à l'air libre. Cela faisait maintenant six semaines que Daphne n'était pas revenue dans cette clairière. Cela faisait six semaines que, chaque mardi, Charlie Weasley l'attendait. Et, s'il fallait encore l'attendre six semaines de plus, six mois, six ans, l'aurait-il fait, assis le dos contre ce tronc, dans une clairière qui n'avait appartenu qu'à eux et s'était retrouvée peuplée de ses souvenirs, puis de ses espoirs.